Le Nucléaire
Les années 50 se sont
ouvertes sur la fascination du nucléaire. A l’époque, son avenir
ne se limitait pas à la production d’électricité. Il servirait à
la propulsion des avions, des navires, des sous-marins et des
locomotives. Il transformerait notre vie quotidienne.
Il
révolutionnerait les méthodes de cultures : " on constate que
les légumes soumis à des irradiations, se développent plus
rapidement " pouvait-on lire à l’époque. Marie Curie, elle-même,
proposait des injections intraveineuses de radium en disant :
" je n’ai pas de preuves que c’est bon pour la santé mais je le
pense ".
A l’époque, il s’agissait
de conjurer le cauchemar d’Hiroshima et d’endormir les
populations en leur racontant une histoire : la super énergie
serait là, demain, à leur disposition et réglerait les problèmes
énergétiques du monde entier.
En France, on préparait la
Bombe ! D’abord en secret. Puis, en 1958, le Général de Gaulle,
revenu au pouvoir, ne cacha pas son dessein. Deux ans plus tard,
la première bombe explosait et ouvrait à la France les portes du
club des puissances nucléaires. Tout était prêt pour un grand
programme massif de construction de centrales. Les 2 chocs
pétroliers des années 70 ont servi d’alibi pour se lancer dans
l’aventure nucléaire.

Il y a en France 24
sites nucléaires regroupant 55 réacteurs (qui fournissent 75% de
notre électricité) soit 1 réacteur par million d’habitants ce
qui est la plus forte proportion mondiale.

Nous avons une usine de
retraitement des déchets radioactifs (située à La Hague).
Inconvénients
Le plus important
concerne les risques liés à la radioactivité. Invisible,
inodore, impalpable, celle-ci est un poison insidieux qui frappe
sans prévenir.
- L’iode 131, par exemple,
s’il pénètre dans le corps, se retrouvera en fin de course sur
la thyroïde, irradiant les cellules se trouvant sur son passage
et y causant des dégâts importants.
- Le césium, lui, se fixera
un peu partout dans les muscles.
- Le strontium, préfèrera
les os et irradiera la moelle épinière causant de nombreuses
leucémies.
Comme de nombreuses
substances radioactives gardent leur activité pendant très
longtemps, celles-ci vont donc s’accumuler dans l’eau, les
végétaux, les animaux et donc les hommes.
Si une irradiation ne
conduit pas forcément à la mort, elle entraîne des effets
différés (séquelles sur le système immunitaire, développement de
cancers, problèmes génétiques, fausses couches...).
Tous les spécialistes
reconnaissent qu’il n’y a pas de seuil en dessous duquel une
irradiation
n’aurait
aucun effet. Malheureusement, le manque de transparence du lobby
nucléaire empêche les spécialistes de mener des enquêtes
épidémiologiques. Pourtant, l’an dernier, un professeur en
bio-statistique épidémiologique lançait un pavé dans la mare :
" il y a beaucoup plus de cas de leucémie chez les jeunes qui
habitent près du site de La Hague que dans le reste de la
France ".
Quelles seraient les
conséquences d’un accident majeur ? Cela s’est déjà produit !
Faut-il rappeler Tchernobyl ? Et il est probable que si l’on ne
fait rien, un second accident pourrait avoir lieu ces prochaines
années dans l’un des pays de l’Est. Le plus connu est le
réacteur de Kosloduy en Bulgarie où l’Europe est condamnée à
coopérer (vu la proximité des populations) pour éviter un second
accident lequel remettrait en cause sa politique du " tout
nucléaire ". Mais cela lui permet aussi d’être au premier plan
pour proposer ses services dans la construction de nouvelles
centrales.
En effet, lorsque le
président bulgare sollicite l’aide de l’Union Européenne pour
repenser sa
politique énergétique en plaçant l’efficacité énergétique en
priorité on ne lui répond même pas.
Mais chez nous, le risque,
même s’il est minime, est possible. Et ce risque est
insupportable ! Des milliers d’hectares contaminés, des
populations entières déplacées. Pire, s’il arrivait malheur à la
centrale de Cattenom c’est tout le Luxembourg qu’il faudrait
évacuer. Et où pourrait-on recréer un état luxembourgeois ?
Mais ce n’est pas tout : il
y a aussi le gros problème des déchets nucléaires dont on ne
sait que faire. Et ceux-ci sont beaucoup plus nombreux que
voudraient nous le faire croire les autorités. Pour une raison
simple, il n’y a pas que la centrale qui en produise mais chaque
étape de la filière nucléaire, à savoir :
-
L’extraction du minerai d’uranium et les premiers
traitements.
- La transformation du
minerai en " Yellow Cake " (les déchets du minerai contiennent
80% de la radioactivité).
- L’enrichissement et le
compactage en pastilles.
- La combustion.
- Le retraitement.
Il y a quelques années, les
déchets étaient tout simplement
jetés
à la mer. Actuellement, ils sont confinés et entreposés sur
place en attendant de trouver une solution. Une enquête a
proposé la création de 3 centres de recherche pour
l’enfouissement des déchets.
Mais ce serait un cadeau
empoisonné que nous ferions aux générations futures car certains
éléments ont une durée de vie considérable : le plutonium, par
exemple, à une demi-vie de 24100 ans.
Mais ce n’est pas tout : on
a décidé de mettre au point un surgénérateur, c’est à dire une
centrale dont le combustible serait du plutonium et qui non
content de produire de l’électricité produirait plus de
plutonium qu’elle n’en consomme !
Mais Superphénix est un
fiasco technique, industriel et financier. Il a coûté près de 50
milliards de francs mais n’a fonctionné que 174 jours à pleine
puissance sur 8 ans d’existence.
Ne sachant que faire du
plutonium, on a décidé de le retraiter, c’est à dire le séparer
des autres déchets pour le réutiliser dans certains réacteurs
sous forme de M.O.X.(combustible à Oxyde mixte
uranium-plutonium).
Cela entraîne des
manipulations très dangereuses ainsi que des transports à haut
risque. De plus, l’usine de La Hague retraite aussi les déchets
des pays étrangers comme le Japon, entraînant des transports
maritimes d’un risque extrême. D’ailleurs, tous les déchets
produits ne repartent pas !
Troisième grand
problème : notre parc nucléaire vieillit ! Une centrale a une
durée de vie de quelques dizaines d’années (25 à 40 ans). En fin
d’exploitation, elle doit être déclassée. Il y a 3 niveaux de
déclassement :

N° 1 Fermeture sous
surveillance
N° 2 La libération
partielle et conditionnelle
N° 3 La libération totale
et inconditionnelle
Qu’appelle-t-on
déclassement ?
" C’est l’ensemble
des activités qui commencent après la mise en arrêt de
l’installation et qui visent à mettre cette dernière dans une
situation qui assure la protection des travailleurs affectés au
déclassement, du public ainsi que de l’environnement ".
Mais si la définition est
claire, sa réalisation pratique n’est pas sans poser des
problèmes de sécurité importants :
- Les équipes
d’intervention manquent cruellement d’expérience. Beaucoup
d’accidents mortels ont déjà eu lieu.
- De nombreux problèmes
techniques se font jour : nécessité d’intervention de robots,
décontamination...
Cela va entraîner un coût
énorme !!!
Aussi devant de tels
problèmes, E.D.F. a-t-elle pensé reculer le démantèlement et
s’octroyer un
délai supplémentaire de 50 voire 100 ans (pour les réacteurs de
+ de 1000 Mégawatts).
Mais c’est trop facile
d’offrir ce cadeau aux générations à venir ; c’est aussi
retarder les frais que cela engendrera et donc le coût de
revient du Kilowatt/heure si bon marché.
Et, c’est oublier que les
structures vont s’éroder et rendre plus délicate les
interventions. De plus, c’est la mémoire de l’installation qui
se perdrait.
Pour terminer sur ce sujet,
il convient d’évoquer les risques de prolifération nucléaire. Le
plutonium, qui est donc un déchet de combustion, est aussi à la
base des bombes nucléaires. Il suffit de 3 Kg pour en fabriquer
une. Et c’est près de 1200 t qui transitent de par le monde.
Cinq pays sont seuls censés posséder l’arme atomique. Pourtant
il est reconnu que plusieurs autres pays la possèdent ou en sont
très près. Certains ont une instabilité politique qui peut faire
craindre pour l’avenir de la planète. Surtout lorsque l’on sait
que 25 t de plutonium ont échappé au contrôle international.
Non, il n’y a vraiment aucun doute
il faut abandonner cette filière qui est
vraiment trop dangereuse pour l’avenir de la planète.
Les énergies fossiles
Il s’agit du charbon, du gaz et du pétrole
qui se sont constitués il y a plusieurs centaines de millions
d’années par l’accumulation et la décomposition de matières
organiques d’origine végétale. Il s’agit donc de dérivés de
carbone. Et c’est bien là le problème : en se consumant, elles
dégagent du dioxyde de carbone (CO2) qui est un gaz
favorisant l’effet de serre.
L’effet de serre
Le soleil envoie sur Terre une très
grande quantité d’énergie.
La température moyenne de la surface
terrestre est actuellement de 15°. Si l’atmosphère était
totalement transparente aux radiations infrarouges calorifiques,
cette valeur serait de - 18°C. La différence provient de
l’existence dans l’air de divers gaz qui absorbent les
radiations infrarouges calorifiques. Ces gaz sont le dioxyde de
carbone (CO2), le méthane, le protoxyde d’azote,
l’ozone phosphorique et les chlorofluorocarbones.
Le phénomène dit de l’effet de serre
résulte d’une augmentation considérable de ces gaz. Si les
tendances actuelles se poursuivent, nous pourrions arriver à une
augmentation de la température moyenne de 3° en 2040. Cela peut
paraître insignifiant, voire agréable mais cela aurait des
conséquences très graves : les océans augmenteraient de volume,
inondant toutes les plaines côtières où vivent actuellement plus
d’un milliard d’hommes. Les déplacements de populations
provoqueraient incontestablement des conflits. Le régime des
précipitations serait bouleversé causant une " aridification "
des latitudes moyennes de l’hémisphère Nord... les plus
favorables à la croissance des céréales d’où un manque de
nourriture. Mais surtout, la vitesse à laquelle aurait lieu ces
changements empêcherait une adaptation des végétaux.
Ce danger suffit pour admettre qu’il serait suicidaire de
continuer dans cette voie. Mais analysons les autres problèmes
qui ne sont pas négligeables.
La pollution atmosphérique
Ce sont
essentiellement le pétrole et le charbon qui sont en cause :
leur combustion dégage des oxydes d’azote, de soufre et de
carbone ainsi que des hydrocarbures mal brûlés, du plomb, des
suies, des minéraux lourds... Quand on sait que le monde
consomme actuellement 65 millions de barils de pétrole par jour
(essentiellement sous forme de combustible pour les transports)
ainsi que 35 milliards de tonnes de charbon, on peut être
inquiét pour notre santé.
Ce sont surtout les citadins
qui courent les plus grands risques car la pollution touche
essentiellement les grandes villes. En effet, lors de situations
climatiques défavorables (anticyclones), la pollution générée
par le chauffage et les transports ne s’évacue pas, provocant
les pics de pollution dont on parle tant chaque été à Paris.
Résultat : cela affecte les personnes qui présentent un terrain
favorable surtout au niveau respiratoire (bronchite, asthme...).
Cette pollution attaque
aussi la pierre, détruisant des monuments historiques (Parthenon
d’Athènes, Obélisque de Paris...).
Les pluies acides
Lorsque les oxydes de soufre
et d’azote se combinent avec l’eau atmosphérique, des acides se
forment (sulfuriques, nitriques...). Ceux-ci sont à l’origine
des pluies acides, lesquelles sont responsables de la mort de
millions d’hectares de forêts (allemandes, scandinaves,
polonaises), de l’acidification de nombreux lacs... Il importe
d’avoir une règlementation internationale sur le sujet car les
pluies ne connaissent pas les frontières administratives et
frappent parfois des pays qui sont précurseurs en matière
d’écologie.
Les marées noires
Mais la production et les
transports du pétrole sont responsables de très nombreuses
pollutions : on ne compte plus les marées noires provoquées par
les échouages d’immenses pétroliers. Sans parler des dégazages
de cale de navires qui rejetteraient près d’un million de tonnes
d’hydrocarbures gazeux chaque année.
Les plus importantes marées
noires
Année |
Nom |
Lieu |
Tonnage |
1967 |
Torrey Canyon |
Angleterre |
120 000 t |
1968 |
World Glory |
Afrique du Sud |
45 000 t |
1970 |
Othello |
mer Baltique |
60 000 t |
1970 |
Polycommander |
Espagne |
13 000 t |
1971 |
Texaco Oklahoma |
Etats-Unis |
30 000 t |
1972 |
Sea star |
Golfe D'Oman |
115 000 t |
1972 |
Texanitol Oswego Guardian |
Afrique du Sud |
100 000 t |
1972 |
Trader |
Grèce |
35 000 t |
1974 |
Metula |
Chili |
50 000 t |
1975 |
Jakob Maersk |
Portugal |
84 000 t |
1976 |
Urquiola |
Espagne |
100 000 t |
1979 |
Gino/Team Castor |
France |
32 000 t |
1979 |
Ixtoc-1 |
Mexique |
1 000 000 t |
1983 |
Puits off shore |
Iran |
500 000 t |
1983 |
Castillo-de-Bellver |
Afrique du Sud |
255 000 t |
1989 |
Exxon-Valdez |
Etats-Unis |
45 000 t |
1990 |
Kharg-S |
Espagne (Canaris) |
40 à 70 000 t |
1991 |
Koweit |
Koweit |
500 000 t |
Récemment, ce sont
les terres de Sibérie qui ont été victimes d’une énorme
pollution terrestre due à des installations d’oléoducs en état
de délabrement avancé. De 8 à 10 % du pétrole brut s’échappait
de l’oléoduc. En août 94, alors que les autorités locales leur
signalent 29 trous apparus dans l’oléoduc, les sociétés
pétrolières ont refusé d’arrêter les pompages. Résultat :
l’accident est arrivé quelques mois plus tard déversant de 500
000 à 1 500 000 barils sur ces terres vierges.
Dégagement de méthane
Si le gaz, lui ne dégage
pas de soufre, en revanche son extraction (ainsi que celle du
charbon) dégage beaucoup de méthane lequel a un potentiel de
réchauffement 30 fois supérieur au CO2.
Pour information, il faut
savoir qu’ il existe une énergie fossile non encore exploitée
car à peine découverte. Il s’agit de gisements d’hydrate de
méthane. Ce minerai contient d’énormes quantités de gaz
emprisonnés dans des cristaux. Les études qui ont essayé
d’évaluer leur volume sont encore approximatives mais
impressionnantes : quelques 10 000 milliards de tonnes ! Mais
beaucoup de questions restent posées : des questions
scientifiques tournées vers une éventuelle exploitation car il
est actuellement moins cher d’exploiter les gisements de gaz
(trop grande profondeur). Mais c’est plus le rôle que cela
jouerait dans les changements climatiques.

Non décidément, il faut nous passer de ces
énergies si l’on veut un avenir durable pour nos enfants. Cela
ne signifie pas pour autant un retour à l’âge de pierre mais
bien un bond en avant pour une utilisation massive des énergies
naturelles à savoir l’eau, le vent, la terre, la végétation et
le soleil.
Sources: Université des
Sciences de l’Environnement

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